Disparition de Mr André RAYNAL
Pendant près d’un demi-siècle, il a servi sa commune. Visionnaire, il a marqué ce village de l’Aubrac, en fondant le musée de la cabrette où il s’y est éteint ce vendredi à l’âge de 74 ans.
L’Aubrac vient de perdre l’un de ses visionnaires. Comme un autre André, Valadier. André Raynal a marqué de son empreinte ce village du bout du monde, Cantoin, limitrophe au Cantal, où il est entré en politique dès l’âge de 23 ans en 1971. Conseiller municipal puis maire à partir de 1983 jusqu’aux dernières élections en 2020 où il a laissé la place à son adjoint, Simon Cros, André Raynal a construit au fil des années le Cantoin d’aujourd’hui.
La liste des réalisations ne peut pas être exhaustive tant cet homme engagé mais discret, a mis son village sur la voie du développement. Le démembrement fut l’une de ses réussites qu’il aimait mettre en avant. Grâce à ce remembrement, il a pu construire des lotissements, des pavillons HLM, et même convertir des burons en village vacances au début du siècle pressentant l’essor du tourisme. En parallèle, il a réussi à maintenir les services avec restaurant, épicerie, bar tabac, La Poste pour maintenir un tissu social en milieu rural.
Un homme de cœur et d’action
Visionnaire, ce natif de Lozère, avait son franc-parler et le cœur sur la main. « Il a tellement aidé dans sa vie, il n’a jamais eu le retour », confie Jean-Louis Claveyrole, musicien et animateur du musée de la cabrette qui fut la dernière grande réalisation d’André Raynal. « Il avait déjà trouvé le bâtiment que la première cornemuse n’était pas encore arrivée ! Il ne baissait jamais les bras, rien ne l’arrêtait devant les difficultés », poursuit le cabretaïre. Et c’est ainsi que dans ce hameau perdu, à Vines, au-dessus du lac de Sarrans, une collection unique au monde attire désormais des centaines de touristes. C’est à Vines aussi où Mireille Darc avait un pied à terre qu’André Raynal aimait échanger avec la comédienne et l’avait accompagnée à la découverte du musée Soulages à Rodez. « Il avait le cœur sur la main, bourru en apparence, voire rustre pour qui ne le connaissait pas, il se pliait en quatre pour aider », résume encore Jean-Louis Claveyrole. C’est à Vines encore que se trouve une autre collection, la bibliothèque d’Alain Peyreffite (né à Najac).
Son engagement politique s’était traduit jusqu’à devenir député suppléant d’Yves Censi venu lui remettre en avril dernier le titre de maire honoraire. Homme d’action, exerçant pour la vie de la cité, André Raynal a refusé l’entrée de sa commune en commune nouvelle avec Argences-en-Aubrac, n’y voyant qu’un échelon supplémentaire du mille-feuille qui déconnecte du terrain. Ancré sur ses deux pieds, droit comme la justice et toujours un cigarillo au coin du bec ou au bout du doigt, André Raynal, a porté jusqu’à son dernier souffle, en qualité de président de l’association du musée, le destin de son village d’adoption.
Il s’est éteint ce vendredi dans le musée qu’il a construit comme sa propre maison. Ses obsèques auront lieu ce mardi 18 octobre à 10 h en l’église de Cantoin.
© O.C La dépêche du midi