Football : Cantoin, ce club qui résiste à l’union
À contrario de bon nombre de clubs de football du département et d’ailleurs, Cantoin n’a jamais cédé à la tentation de l’entente, malgré d’importantes difficultés connues au cours des saisons précédentes.
La plupart des bourgs et villages de l’Aveyron ont été représentés par un club de football lorsque le « sport roi » était quasiment sans discipline collective rivale. La multiplication des sports d’équipe proposés actuellement, la désertification des zones rurales, mais aussi le déficit de bénévoles pour structurer un club administrativement et techniquement ont abouti à une réduction considérable du nombre de clubs. Néanmoins, les statistiques de licenciés se maintiennent, grâce à la féminisation et surtout à la création d’écoles de foot. Ce sport est maintenant ouvert à toutes les catégories d’âges, garçons et filles confondus, alors qu’il était auparavant réservé aux juniors et adultes en clubs affiliés. Les écoles, collèges, lycées et centres de loisirs assumaient auparavant l’initiation et l’encadrement des équipes de jeunes.
Les clubs ont maintenant une zone d’influence généralement calquée sur les cantons alors que quasiment toutes les communes, et même grand nombre de paroisses, disposaient à l’époque d’un club et d’un terrain de jeu plus ou moins sommairement aménagé…
Le culte de l’indépendantisme
Parmi les plus modestes des clubs qui ont résisté aux sirènes de « l’union pour faire la force », l’association sportive de Cantoin peut témoigner que l’apanage de l’indépendantisme ne s’est pas arrêté aux aventures de gaulois irréductibles imaginées par Uderzo et Gosciny…
La commune de Cantoin ne dénombre que 300 âmes mais a toujours maintenu son école (de huit écoliers actuellement), son restaurant, son bar-épicerie-agence postale multiservices, son club dédié aux loisirs, à la culture, et à l’amitié, ses animations folkloriques hebdomadaires à la salle des fêtes, ses quatre « burons » proposés à la location, son camping avec aire pour camping-cars, un court de tennis, un terrain de quilles et un terrain de foot qui, à l’inverse de nombreux autres, n’a jamais été mis en jachère.
Le maire honoraire André Raynal, dont le récent décès a chagriné tous les habitants et amis de Cantoin, avait su convaincre que son village ne devait pas intégrer la « commune nouvelle », qui regroupe toutes les autres localités de l’ancien canton de Sainte Geneviève sur Argence. Il en a été de même pour l’As Cantoin, dont 21 licenciés continuent de défendre l’honneur de la commune au niveau le plus modeste des compétitions du District de l’Aveyron. L’essentiel c’est de participer et de représenter, en osmose et en complémentarité, ce territoire si attachant.
Un club en autogestion
Après quelques saisons difficiles pour cause d’effectifs insuffisants, une dynamique retrouvée permet d’aligner des équipes complètes pour chaque rencontre (à l’extérieur comme à domicile) et même de programmer des séances d’entraînements (sans véritable coach) en début de saison, en complément de quelques très amicales et courtoises rencontres estivales. Les coprésidents Arnaud Andrieu et Sylvain Hubrecht ne se formalisent nullement de ce « titre » essentiellement destiné à remplir les cases administrativement requises.
Même chose pour les autres postes de dirigeants dévolus aux joueurs les plus impliqués ou plus disponibles, en complément des services de la secrétaire Marie Lopez. Timothée Cros, le fils du maire devenu l’érudit star des jeux télévisés, se révèle aussi dévoué au Comité des Fêtes que pour le club de foot. Au gré des revues d’effectifs présents chaque semaine, il occupe soit le poste de gardien de but, soit celui de milieu de terrain. Comme tous ses copains, l’essentiel est d’ancrer dans la durée ces retrouvailles hebdomadaires de Cantoinais de cœur au prétexte d’un match de foot qu’il n’est pas impératif de gagner !
© Gilbert Douls Centre Presse Aveyron